Déclaration de Bamako
à l’issue de la Neuvième Session Plénière, le 25 juin 2011
Introduction
Le Groupe pilote a tenu sa neuvième Session plénière sous l’autorité du Président de la République du Mali, à Bamako, les 24 et 25 juin 2011.
En cinq ans, les financements innovants du développement ont levé plus de cinq milliards de dollars en faveur du développement. Reconnus comme une partie de la solution pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, ils permettent aux activités qui ont le plus bénéficié de la mondialisation de contribuer à un monde
plus solidaire.
Le thème des financements innovants a conquis par exemplarité les enceintes internationales : les Nations Unies, l’Afrique, les PMA, l’Europe, le G8 et le G20 leur accordent une importance majeure ; les organisations internationales (PNUD, FAO, FTI, Banque Mondiale, GAVI, UNITAID etc.), les coordinations d’ONG et les grandes
fondations philanthropiques ont également placé ce thème à leur agenda ; de nouveaux pays choisissent cette voie en complément de leur aide traditionnelle.
Ces financements innovants fournissent une aide plus prévisible de manière à financer sans trop de risques des besoins vitaux de long terme, en matière de sécurité alimentaire, de santé ou d’éducation par exemple. Leur vertu contra-cyclique s’est trouvée renforcée avec la crise économique et financière de 2008.
Ils s’appuient sur divers mécanismes que des pays de niveau de développement très différents ont choisi de mettre en place : des garanties d’emprunt, des mécanismes de marché, des micro-taxes, des contributions citoyennes, des mécanismes de loterie, ou
des modes de gestion de la dette.
Ils sont une contribution légitime des activités qui ont le plus bénéficié de la mondialisation, en corrigent certaines externalités négatives, innovent à la fois dans la recherche de ressources et dans la dépense, en vue d’améliorer sans cesse l’efficacité de l’aide.
Fort des 63 pays qui le composent et des Organisations internationales, ONG et Fondations associées à ses travaux, le Groupe pilote sur les financements innovants a conduit des réflexions sur ces nouvelles ressources, échangeant expertise et bonnes
pratiques, en vue d’identifier de nouvelles pistes et de densifier l’activité internationale en faveur du développement.
A cet égard, à titre pilote, il propose des solutions pionnières pour concrétiser les avancées que la communauté internationale appelle de ses voeux concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement (près de 180 Mds de dollars nécessaires).
Il appelle ses partenaires à transcrire en faits le « changement d’échelle » du financement de la solidarité internationale, en particulier dans la perspective du G20 et de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Conclusions
- Le maintien, par les pays développés, de leurs engagements, y compris sur le niveau d’APD de 0.7% du RNB d’ici 2015, est déterminant, autant que le respect des principes d’efficacité de l’aide. Mais il ne pourra suffire. Dans la perspective des défis globaux
pour le développement durable, il est nécessaire d’innover en recherchant de nouvelles ressources. - Ces ressources doivent venir en complément de l’aide traditionnelle et présenter une plus grande stabilité et pérennité, afin de faire échapper le financement du développement aux aléas des fluctuations budgétaires et de jouer un rôle contra cyclique en période de crise économique et financière.
- Il existe de nombreuses expériences, menées avec succès par les partenaires du Groupe pilote, qui ont levé plus de 5 milliards de financement pour le développement, à travers plusieurs mécanismes. Ces expériences sont des pistes pour une action collective de plus grande ampleur.
- Les secteurs qui ont le plus largement bénéficié de la mondialisation tels que la finance, les transports aériens et maritimes, les communications ou le tourisme sont à même de contribuer, sous différentes formes, à la solidarité.
- Les débats menés autour des thématiques privilégiées par le Groupe (Education, transactions financières, transferts de fonds de migrants, sécurité alimentaire, santé, flux illicites et évasion fiscale) ont permis d’articuler l’expertise et les activités de plaidoyer à des avancées tangibles.
- Le succès croissant de la thématique des financements innovants dans les enceintes internationales, notamment aux Nations Unies, en Europe, en Afrique, au G8 et au G20, tout comme le rôle prééminent reconnu au Groupe pilote, nous confortent dans notre ambition.
Recommandations et acquis de la Neuvième Session Plénière
- Rappel de l’engagement de l’Afrique et de ses organisations régionales dans l’agenda des financements innovants ;
- Adoption, expérimentation ou exploration par chaque pays membre d’un mécanisme de financement innovant d’ici un an ;
- Revue régulière des financements innovants mis en oeuvre par les Etats membres ;
- Promotion du rapport d’expertise sur les activités ayant bénéficié de la mondialisation ;
- Termes de référence d’un nouveau groupe de travail dédié à la sécurité alimentaire et l’agriculture ;
- Signature par de nouveaux pays de la Déclaration sur les Transactions financières (Mali, Bénin, Burkina Faso, Congo, Guinée, Mauritanie, Sénégal et Togo) ;
- Appel en direction d’un groupe de pays pionniers en vue d’un projet pilote de contribution sur les transactions financières pour le développement ;
- Dans ce contexte, Invitation aux pays mettant en place une taxe sur les activités financières à en affecter une partie du produit à la solidarité internationale ;
- Explorer l’opportunité de lier les financements innovants à l’agenda de l’efficacité de l’aide, notamment dans la perspective de la Conférence de Busan ;
- Accueil de l’OIF comme nouveau membre du Groupe pilote ;
- Transmission de la présidence du Groupe à l’Espagne ;
- Invitation aux Nations Unies et au G20 à maintenir les financements innovants comme priorité à l’ordre du jour dans le cadre du financement du développement.
Le 26 juin 2011